Dans la grande majorité des cas, ce sont les musiciens qui jouent déjà d’un instrument à vent qui s’intéressent aux contrôleurs à vent, mais est-il possible de commencer la musique avec un tel instrument ? La réponse à cette question est oui, question à laquelle il faut apporter quelques réserves. L’erreur à ne pas commettre est de penser que l’apprentissage de tels instruments va être facile, bien que plus simple par certains aspects, les contrôleurs à vent doivent être considérés comme de véritables instruments qui nécessitent un travail régulier et assidu pour en maîtriser tous les aspects et pouvoir reproduire toutes les nuances et les articulations de votre jeu.
En Effet, il est parfaitement possible de commencer avec de tels instruments, par certains aspects, c’est même plus simple que de commencer par un instrument acoustique.
1 – La production du son
Sur un instrument traditionnel, c’est le musicien qui est chargé de produire le son, la production de ce son est liée à de nombreux facteurs, qualité et réglages de l’instrument, caractérisée par sa facilité à produire le son, qualité et choix de l’embouchure (ex : l’anche pour les bois…) mais aussi et surtout par la position et la façon dont le musicien tient l’embouchure ou le bec.
Sur un contrôleur à vent, il n’y a aucun problème pour émettre un son puisque c’est uniquement le souffle (ou la pression de ce souffle) qui est transformé, par le capteur (breath sensor), en informations numériques qui sont envoyées au module de son interne ou externe selon le modèle de contrôleur choisi. Même si vous avez des problèmes de souffle qui ne vous permettent pas de jouer sur un instrument traditionnel, il est parfaitement possible de jouer sur un contrôleur à vent en réglant la sensibilité du capteur de souffle.
2 – Les doigtés et transpositions
Autre avantage, vous n’êtes pas limité par un doigté particulier, vous pouvez essayer et choisir celui qui vous convient le mieux, le plus simple fera l’affaire, Un des autres atouts des contrôleurs à vent, c’est de pouvoir transposer dans n’importe quel tonalité sans effort par défaut les contrôleurs à vent sont réglés en DO (C en anglais) mais si vous avez une partition en Mib (Eb en anglais) il suffit de transposer de 3 demi-tons vers le haut (+3) et vous pouvez jouer ce qui est indiqué sur la partition, ce qui n’est pas possible avec un instrument acoustique.
3 – Les changements de registre
Sur les instruments acoustiques, tous les registres (octaves) ne peuvent être joués en utilisant le même doigté, (sur le saxophone, même si les 2 premières octaves sont identiques, les notes graves et aiguës, nécessitent l’utilisation de doigtés parfois plus complexes, et je ne parle pas des doigtés pour obtenir le registre suraiguë, pour la clarinette, c’est encore différent, car la clef qui permet de changer de registre ne change pas le son d’une octave, mais d’une quinte ce qui fait que toutes les notes de mêmes noms ont un doigté différent pour chaque octave). Les contrôleurs à vent sont conçus pour faciliter le jeu (en général toutes les octaves sont identiques, pour passer de l’une à l’autre, il suffit de la sélectionner à l’aide du pouce gauche suivant différentes méthodes). (voir exemples ci-dessous : Rouleaux pour les EWI d’Akai, Switches pour les Roland).
Comme pour les instruments traditionnels, le passage d’octave est un exercice qu’il faut travailler pour obtenir une transition fluide.
4 – Le choix du contrôleur à vent
Ce choix est déterminant pour vous assurer la pérennité de votre choix, On voit régulièrement des annonces sur les sites de vente en ligne d’instruments neufs n’ayant été joués que quelques heures avant de s’apercevoir qu’il ne correspondait pas aux attentes de leur propriétaire (c’est aussi une bonne source d’approvisionnement pour ceux qui ne veulent pas mettre un budget excessif dans un instrument neuf). Pour moi, il existe 3 types de “contrôleurs à vent.
a) Les contrôleurs avec module de son intégré
Dans cette catégorie, on trouve de tout, du jouet pour enfant à l’instrument dit “Professionnels” je déconseille fortement l’achat d’instrument très bon marché, leurs limitations étant souvent rédhibitoires après quelques heures d’utilisation. D’autre part, les modules sonores équipant ces instruments sont très différents et de qualités inégales, les premières questions à se poser est de savoir quels types de sons vous intéressent (imitation d’instruments acoustiques, classiques, ethniques, de sons synthétiques… et des possibilités d’éditions…)
Quelques exemples
AKAI EWI4000s (module sonore type Synthétiseur analogique très puissant, mais incapable de reproduire les instruments acoustiques traditionnels).
AKAI EWI5000 (très bon contrôleur, mais module sonore de très mauvaise qualité ne permettant pas un jeu sur scène tant la qualité des sons est pitoyable pour un tel instrument)
ROLAND AE-10, AE-20, AE-30 Pro (De bon à très bons modules avec des possibilités et des connectivités différentes avec un très large spectre sonore pour le modèle Pro en particulier la partie instruments Ethniques et Synthétiques (je trouve personnellement les instruments acoustiques traditionnel un peu en retrait).
AODYO Sylphyo Instrument autonome, pourrait être un très bon contrôleur mais le clétage* est minimaliste (pas de clés pour les petits doigts ce qui ne facilite pas les doigtés alternatifs) le module sonore ne comporte que des sons de synthé pas de son d’instruments acoustiques. Il possède toutefois une centrale inertiel qui permet de nombreuses possibilités supplémentaires (voir l’article sur le Sylphyo pour plus de détails).
Je vous conseille la lecture du tableau comparatif que j’avais fait il y a quelque temps et qui rentre plus en détail sur les différentes fonctions de ces instruments.
b) les contrôleurs sans module sonore (contrôleurs purs)
Les contrôleurs “ultimes” (ou du moins ceux qui possèdent le plus de possibilités sont les NuEVI (pour les instrumentistes “Cuivres) et le NuRAD (pour les instrumentistes “Bois”) de Berglund Instruments. C’est deux instruments partagent le même firmware. (pour plus d’info voir les 2 articles sur ce blog article 1, article 2)
L’EWI-USB est un très bon contrôleur pour commencer il suffit de le brancher en USB à un module sonore possédant une prise USB Host ou directement à un ordinateur. Bien que possédant des possibilités limitées (uniquement Breath Control, Bite Control et Pitch Bend) ne possédant que 3 octaves il peur être étendu à 5 octaves) il peut être parfaitement couplé à l’XpressO ou le XO-mini de DynaSample puisqu’il reçoit tous les réglages au démarrage du module sonore.
c) Les instruments permettant de travailler des instruments en silence. Depuis peu de temps, de nombreux instruments ont été commercialisés, leur but est plus, de permettre aux instrumentistes de travailler la technique liée à un instrument acoustique (Eneo d’ENEO Music, les Travel Sax 1 & 2 d’ODISEI Music, le YSD150 de YAMAHA… pour n’en citer que quelques-uns, ne peuvent pas véritablement prétendre au qualificatif de contrôleur à vent la partie contrôle étant limité au minimum.
5 – Le choix des modules sonores
Comme il existe des Synthétiseurs équipés de clavier (le module sonore est intégré au clavier), ou des claviers de contrôles (pas de module sonore intégré) les contrôleurs à vent existent en 2 versions avec ou sans module sonore intégré. Je conseillerai pour un débutant de choisir un modèle intégrant le module sonore, car aucun réglage additionnels n’est nécessaire pour que le son réponde déjà correctement lorsque l’on joue (seuls des ajustements pourront être effectués par la suite pour améliorer le son en fonction de votre façon de jouer).
Pour ce que j’appellerai véritables contrôleurs à vent (sans module sonore intégré) il est nécessaire de choisir un module sonore qui permet la modification des sons de ce module afin qu’ils puissent interpréter correctement les informations MIDI que le contrôleur leur transmet. En effet, le capteur de souffle, par convention avec la norme MIDI, utilise ce que l’on appelle un Contrôleur Continu (MIDI CC) auquel on a affecté un numéro, en l’occurrence le n° 2 (on parle de MIDI CC#2 ou Breath Control). Lorsque les informations émises par le contrôleur contiennent les messages MIDI CC#2 le module sonore auquel le contrôleur est relié doit pourvoir les interpréter (ce qui n’est pas le cas par défaut, les modules sonores étant programmés pour être utilisés par défaut avec un clavier) il est donc nécessaire de changer certains paramètres des sons ce qui peut devenir assez un casse-tête pour quelqu’un de non initié à la programmation des synthétiseurs. Pour faciliter cela, une société américaine Patchman Music spécialiste des contrôleurs à vent propose de nombreuses banques de sons adaptées à de nombreux modules sonores qui permettent la reconnaissance du MIDI CC#2. Je conseillerai, là aussi, à un débutant, de choisir un module sonore parmi ceux dont les banques de sons sont proposées par Patchman Music afin d’obtenir instantanément un bon voir excellent résultat avec le contrôleur choisi. Toutefois, il existe, à ma connaissance, une seule et unique marque de modules sonores externes conçus pour être utilisés d’origine avec des contrôleurs à vent, DynaSample avec ses modèles Xpression (qui n’est plus produit), XpressO et le tout nouveau XO-mini et XO-view qui utilisent tous la même banque de sons optimisée pour l’utilisation avec les contrôleurs à vent, ce qui signifie qu’aucun réglage n’est nécessaire sur le module et les sons internes, seuls la calibration et les réglages sur votre contrôleur à vent est fortement recommandé pour obtenir une réponse optimale. Tous les autres modules sonores nécessitent la modification des sons internes pour qu’ils réagissent aux différents MIDI CC utilisés (ex : MIDI CC#2, MIDI CC#1…).
Le choix du module sonore et des banques de sons optimisées pour l’utilisation des contrôleurs à vent est crucial et est souvent la raison pour laquelle les utilisateurs de ces instruments abandonnent dans les premières semaines d’utilisation, car ils n’arrivent pas à reproduire les nuance de leur jeu de manière satisfaisante. Ils pensent que n’importe quel module fera l’affaire, mais s’ils ne possèdent pas de banques adaptées, alors ils sont rapidement frustrés. En effet, les instruments à vent ont la particularité de changer de volume sonore et de timbre en fonction de la pression que le souffle génère de l’embouchure au corps de l’instrument acoustique et de pouvoir produire des effets que d’autres instruments ne peuvent produire (ex : il est impossible de faire un Sforzando avec un piano, alors que c’est relativement simple sur un instrument à vent (une attaque forte courte suivie d’un crescendo de piano à forte)). Le timbre est également affecté par la pression du souffle (si on prend pour exemple les cuivres : pianissimo, le son est pratiquement détimbré à tel point qu’il est difficile de reconnaitre l’instrument qui joue, en revanche en jouant fortissimo le timbre de l’instrument est très cuivré à la limite de la saturation). Il est donc nécessaire que le module sonore, au minimum, puisse reproduire les variations de volume et de timbre pour que le musicien puisse jouer avec expressivité.
Merci de me faire vos commentaires…
Fred,
Comme d’habitude, un panorama très complet sur le sujet, de ce qu’est un contrôleur à vent, de la façon dont il génère et gère les sons, jusqu’aux modules sonores permettant d’obtenir des sons de qualité !
J’ajouterais une précision quant à la production de sons : même avec les meilleurs modules sonores, même si l’instrument reproduit est de qualité, l’expérience et la valeur du musicien entreront également pour beaucoup en ligne de compte pour produire un son et un jeu de qualité avec un contrôleur à vent.
De la même manière, si l’on place un Stradivarius entre les mains d’un débutant en violon, il ne produira pas un son divin ; le meilleur module sonore nécessitera un sérieux apprentissage et une bonne pratique instrumentale pour produire un son de grande qualité.
Sinon, je connais déjà plus d’un débutant qui a été déçu et qui a décrié soit le contrôleur à vent, soit le module sonore (soit les deux) alors que seule sa pratique instrumentale balbutiante était à l’origine du son désastreux que son équipement pouvait produire.
Pour exemple, les démos produites par DynaSample qui sont excellentes (à voir sur Youtube), en regard de ce que l’on peut réaliser lorsqu’on débute avec un XpressO et un contrôleur à vent…
Salut Fred
J’ai déjà plus ou moins répondu au début de l’article
“L’erreur à ne pas commettre est de penser que l’apprentissage de tels instruments va être facile, bien que plus simple par certains aspects, les contrôleurs à vent doivent être considérés comme de véritables instruments qui nécessitent un travail régulier et assidu pour en maîtriser tous les aspects et pouvoir reproduire toutes les nuances et les articulations de votre jeu.”
Bonne journée
SaxFred